As de pique

Publié le par Movaniel


La route file très vite sous ses doigts mécaniques
Comme deux jambes interminables en bas à bordures blanches
Sur les côtés deux longues trainées vertes
Odeur de nature humide en automne
Derrière le guidon de sa monture
il zèbre la campagne teutonne
Il en oublie les bras croisés sur son ventre
Les jambes collées contre les siennes
Des jambes
lumineuses gainées de fils blancs
Des jambes qui se cramponnent peut-être autour de ses reins
la nuit au détour d'un silence
Pour l'instant tentacules autour des flancs de sa moto
"Accroche-toi bien frangine
Je connais la route mais la voie est glissante"



Au carrefour des imprévus il y a des femmes de petite vertu
Qui rôdent dans la forêt et le bitume
Et attrapent certains passants
"J'ai appris à les éviter
Si tu veux je te laisserai descendre
Si tu veux rester avec elles"
Il n'attend rien
Aller d'un point F à un point G
Pas le temps de faire des détours par d'autres lettres
L'éphémère lui fait un effet boeuf
Rien à donner
Pas envie de refaire ce qui a déjà été fait
Tailler la campagne
En suivant la route aux longues trainées blanches


Les yeux de la fille il ne les connait pas
Dans son dos
Il ne connait d'elle que l'étreinte de ses bras
Un filet de parfum glissant sous son casque
Un souffle chaud contre sa nuque
"Serre-moi si tu veux
Mais ne te penche pas trop en arrière"
La route il la connait par coeur
Les virages ne lui font pas peur
Derrière
Il sait ce qu'il a laissé
Devant il sait ce qu'il va trouver
Il est bruit de moteur vrombissant
Ligne droite
filant deux longs bas blancs
à travers la campagne teutonne

Publié dans Songes

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