Début de l'hiver

Publié le par Movaniel


J'ai du mal à comprendre ce que me raconte mon corps.
Probable que c'est le changement de climat. Et puis se lever à 6h du matin, il faut s'y habituer... Quand on est un noctambule ca fait drôle. J'ai sans arrêt faim, envie d'un thé ou d'une cigarette et après je me sens toujours pas rassasié.
J'espère que ca va pas durer tout l'hiver. Je dois pisser toutes les demi-heures. Ca c'est la poisse !


Nouvelle visite chez le médecin. L'infirmière qui me soignait m'a fait des tas de compliments sur mon accent "exotique" et était toute contente à l'idée de soigner un Francais. Ca me confirme l'idée qu'il y en a pas souvent dans le coin de Sachsen-Anhalt où j'ai atterri. Elle m'a raconté les études de sa fille à Paris et que la France c'était vraiment génial.
Tu parles, c'est pour ca que je suis venu passer l'hiver au pays des ours polaires !
Enfin, une rencontre très agréable. Et mon infirmière a tenu à me donner des bandes pour que je puisse me soigner sans devoir rien acheter (en cachette du docteur). Comme personne ne venait elle m'en a donné 2 fois plus...


J'ai commencé à découvrir la contre-culture de mon école. Ca fait du bien de rencontrer des gens normaux !
Le stop sous la pluie. Les automobilistes se foutent de ma gueule. Un type à qui je demande la gare de Naumburg me prend en pitié et m'y emmène 3 km plus loin...
Il y a des gens chouettes quand même, mais pas mal d'individus habités par la méfiance à l'égard des étrangers et de ceux qui ne font pas comme eux.


Fête à Leipzig. Un anniversaire et une soirée à thème : "Noir et blanc". Comme je n'ai pas beaucoup de fringues et que je veux faire le malin j'y vais... en gris.
On part à quatre. Vélos dans le brouillard.
"Nebel", j'avais oublié ce mot. Comme dans "Nacht und Nebel" (Nuit et brouillard).
J'ai passé une grande partie de la soirée à observer les gens. Comment ils étaient habillés, comment ils se parlaient, les sérieux et les rigolos, les gens plutôt ordinaires et les plutôt "alternatifs", tous unis dans le noir et blanc.
Certains ressemblaient à des maffieux, certaines à des "poulettes" de luxe.
Les marques de coquetterie des filles m'intriguent, me fascinent. C'est tellement différent.


Un groupe faisait des reprises de Johnny Cash. Dans une autre pièce il y avait un jeu de karaoké projeté sur un écran. J'ai fait remarquer qu'il y avait presque que des tubes anglo-américains et très peu de chansons en allemand. Un gars me dit que la musique allemande de toute facon n'est pas terrible, un autre qu'il chie sur l'Allemagne, un troisième qu'en France on est plus patriotes.



(Un petit coup de Nirvana, finalement...)






Plus tard une petite discussion intéressante entre deux coups de pédale qui désaoulent. Mon interlocuteur me dit que l'histoire de nos deux pays fait la différence. Du totalitarisme nazi à l'occupation américaine ou à la dictature communiste les Allemands n'auraient pas eu le luxe de pouvoir développer un patrimoine national commun de chansons. Possible.
En tout cas je réfléchis à ce mot de "patriote" qu'on m'a indirectement envoyé à la figure. Probable qu'il n'a pas le même sens pour moi et pour la personne qui me l'a adressé. Est-ce qu'aimer les chansons dans sa langue natale c'est être patriote ? Aimer Brassens, être patriote ? Il peut unir les anars et les cathos de droite, mais rien à voir avec le patriotisme. Et aimer Brel qui était belge, alors ?
Le patriotisme, c'est un choix. Etre d'un pays et d'une langue, c'est quelque chose qu'on n'a pas choisi.
Peut-être qu'ici je devrai porter l'étiquette de "Francais patriote" alors qu'en France on risque pas de s'y tromper.
Pas de gueule de bois au matin. Je me lève à 17h30...



Publié dans Nouvelles de voyage

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