Escapade à Paris
Quelques jours de voyage scolaire à Paris avec des jeunes de mon école.
Fatigant et chouette à la fois.
La principale difficulté a été d'autonomiser les élèves. Ils étaient une cinquantaine, entre 16 et 20 ans. Avant de partir ils avaient signé un document s'engageant à certaines choses, notamment à rester minimum par 2 dans les rues de Paris et à ne pas boire d'alcool pendant la durée du séjour.
La prof qui avait préparé le voyage avait prévu 2 parcours par jour, dont un pour moi. Ce qui a été un petit boulet... En effet traîner une bande de jeunes pendant 4 jours de monument en monument a rien de très follichon. Une visite de Paris donc version carte postale. Le soucis de cette perspective, c'est que des monuments on peut en visiter pendant des semaines. Mais outre le fait que ce soit d'un ennui terrifiant, je pense pas que ce soit le meilleur moyen de découvrir une ville...
Autre soucis : l'alcool. Difficile à tenir comme position d'interdire à des jeunes majeurs de boire de l'alcool. Pour les mineurs c'est autre chose. Dans l'aller en bus 2 se sont faits prendre à boire et la prof les a menacé de sanction s'ils recommençaient.
Une fois sur place on a plus rien contrôlé du tout. Le soir de fait ils buvaient de l'alcool et ni elle ni moi n'avons rien fait. Je me suis dit confortablement que j'assistais la prof et qu'à priori c'était elle la dépositaire de l'autorité. Tenté d'engager une discussion sérieuse avec elle. Pour moi on ne pouvait pas réussir sérieusement un séjour d'un point de vue pédagogique si le contrat proposé aux jeunes au départ était bancal. L'interdiction de l'alcool s'imposant à tous sans exception ne donnait aucune chance de les responsabiliser à ce niveau-là.
Du coup ils étaient à priori tous solidaires pour boire en cachette et nous on était ridicules et condamnés à l'hypocrisie dans nos rôles de "responsables" de l'encadrement, supposés faire respecter un contrat injuste et les menacer de sanctions inexistantes en cas de faute comme ce que représentait le fait pour eux de boire de l'alcool.
Heureusement à un moment (il a fallu 2 jours pour la majorité d'entre eux) ils sont allés d'eux-mêmes découvrir la ville sans plus nous suivre moi ou la prof.
Ca a été d'autant plus dans les 2 derniers jours l'occasion de bons moments de complicité et de rigolade.
L'aller et le retour entre Leipzig et Paris en car étaient épouvantables.
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1er jour : l'Arc de Triomphe et les Champs Elysées. Du cliché nul à mes yeux. C'est la
prof qui m'avait donné cette mission pendant qu'elle allait... à Montmartre !
Passage au Louvre
Louis XIV
Les touristes montent les uns après les autres sur ces bornes pour prendre la même pose. Ils regardent autour d'eux, voient un autre attroupement de touristes qui montent sur cette borne et prennent une pose qui se veut drôle, puis montent à leur tour sur la borne pour se faire prendre en photo dans la même position... On dirait du Beckett : aussi absurde dans le répétitif, aussi dépersonnalisant, grégarité du tourisme de masse...
Je monte sur cette même borne pour me faire prendre moi aussi avec une expression de douleur.
Ah, notre cher drapeau ! J'ai l'impression qu'il est partout dans cette ville. Plus qu'avant ?
Peut-être pas. Ma longue absence rend ma mémoire incertaine.
D'un côté voir ces 3 couleurs me fait me sentir un peu à la maison. D'un autre, avec tout ce que j'ai lu ces dernières semaines (du débat nauséabond sur l'"identité nationale" aux utilisations médiatiques des histoires de burqa et de voile musulman) sur l'actualité française la banière me fait un haut-le-coeur. C'est toujours avec ces 3 couleurs qu'on commet des atrocités.
J'observe un couple de touristes sur un pont. Elle prend des photos de la Seine, lui de la femme. Elle est belle, ou en tout cas de là où je suis je l'imagine belle. Elle est élégante et joue avec savoir-faire avec l'objectif pointé sur elle.
Pont-Neuf
La mairie
Notre-Dame, que j'aime toujours voir malgré la cohue des touristes.
25 élèves avec moi. C'était lourd. J'ai eu beau leur donner dès le début à chacun un plan du métro et insister sur le fait qu'ils devaient faire leur programme, le déclic s'est pas fait tout de suite.
Statue de Charlemagne devant Notre-Dame
Femme ou homme ?
Vive les travelos célestes !
Merveille de la nature : un visage dans le ciel
Au fil des rues...
La fontaine Saint-Michel
Le soir à la tour Eiffel avec 3 élèves. Rigolo, mais glacial : un vent terrible soufflait.
Les pubs omniprésentes. Ici une mobilisation de la devise de la République pour appeler les femmes à la consommation !
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2e jour : 35 élèves avec moi. Je m'essaie au rôle de berger...
Catacombes
Comme ça goutte depuis le plafond, une élève sort son parapluie pour pas se mouiller les cheveux...
Promenade au Quartier Latin
Ah, elle est belle la Statue de la Liberté ! Je croyais qu'elle était qu'au bord de la Seine, mais elle est aussi au Jardin du Luxembourg.
Statue de Verlaine
Autour du Panthéon
Arènes de Lutèce
Un arrêt à la Grande Mosquée pour manger des gateaux arabes et boire un thé à la menthe.
Les élèves faisaient pas la gueule mais avaient l'air crevé et blasé. Sur les 35 qui avaient commencé avec moi seulement 15 étaient encore avec moi.
A suivre un peu comme comme des moutons et à ruminer. Je leur ai répété que les sorties "en troupeau" c'est lourd et fatigant et pour eux et pour moi, les exhortant encore à être plus autonomes et à aller voir d'autres choses de la ville d'eux-mêmes. Alors que la majorité d'entre eux apprend le français je leur reprochais de faire les timides et de se cacher derrière le groupe et derrière moi pour ne pas avoir à parler français.
Comme je leur annonce qu'à partir de maintenant je les suis et qu'ils doivent trouver le métro (histoire de les voir parler avec des passants), un d'entre eux sort de sa poche...
un GPS !
Après plusieurs heures de tourisme de masse (une heure pour acheter 30
sandwichs dans un snack : le patron a dû être content !!!) je me retrouve
avec 12 élèves à Notre-Dame. Parole, je m'en lasse presque pas !
Statue de Jeanne d'Arc dans la cathédrale
Le bossu de Notre-Dame
De nouveau à la tour Eiffel je laisse monter ceux qui veulent car j'ai eu ma dose.
A la fin de la journée j'en ai plus que 7. Quel bonheur !
Sous la tour, des spectacles de rue de plus ou moins bonne qualité...
Eux étaient superbes ! De vrais sportifs du hip hop. Ils ont embarqué dans leur danse un gamin et une jeune Canadienne s'est jetée dans la mélée en improvisant avec eux.
Scène de rue, depuis notre hôtel à Barbès
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3e jour : Versailles. Cafouillage en beauté.
On part tôt en car et on reste à la porte car la prof a oublié la réservation écrite pour notre visite de groupe.
Problème : on nous soutient que ce jour-là le château est fermé ! Alors on se rabat sur le jardin... Les élèves sont dépités. On a rendez-vous au bus une heure plus tard. On perd un élève : plus d'une heure à poireauter dans le bus comme cerise sur le gateau.
La grande pyramide du Louvre
L'élève la tête dans les nuages reste avec moi. En passant à la FNAC je lui fait découvrir quelques BD (très marginal en Allemagne).
Halte au Bar des Faussaires en face de la Banque de France. J'ironise toujours en sirotant une boisson de la terrasse en regardant les flics qui montent la garde de l'autre côté de la rue.
Dans le métro, quelques rappels historiques perdus au milieu des pubs.
Toujours avec mon compagnon allemand je retrouve une copine à Belleville.
Promenade dans le quartier chinois et repas dans un petit restau.
L'Allemand est aux anges : il parle français toute la soirée. On parle lentement, histoire qu'il comprenne. Probable qu'il sera celui du groupe qui aura le plus mis à profit ses bases de français. Ah, qu'est-ce qu'on a rigolé en traduisant les plats de la carte (trippes, soupe de méduse...) ! Notre jeune invité en a fait des grimaces !
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4e jour : le Père Lachaise. 3 élèves avec moi. Tranquille.
Comme ils connaissent presque personne dans le cimetière c'est moi qui prévois la visite.
Tombe de Chopin
Champollion
Kellermann, général révolutionnaire
Jim Morrison (on fume une clope avec une élève, ha ha ha).
La porte grince ?
Prémonition de la tombe de Sarkozy
Delacroix
Aux combattants russes morts dans la Résistance française.
Euh, il y en avait combien ?
Oscar Wilde
Henri Salvador
Edith Piaf
On finit par le terrifiant avec la série des monuments pour les Camps de la Mort.
Comme je fais quelques commentaires un homme tend l'oreille et s'approche pour raconter quelques anecdotes aux élèves.
Auschwitz
Puis le "carré" des communistes...
Henri Barbusse, auteur de "Le Feu", qui a soutenu le Parti Communiste à ses débuts sans en faire partie. Il a été des intellectuels que Lénine a appelés les "idiots utiles".
Les "martyrs de Chateaubriant"
Paul Eluard, poète surréaliste et communiste. Un de mes chouchous.
Aux volontaires des Brigades Internationales partis se battre contre Franco.
Mur des fédérés
Place de la Bastille
Louis XIII
Promenade au Marais. Beaucoup d'histoires juives : plaques commémoratives, enseignes de magasins et lieux historiques. On fait une pause pique-nique. J'ai acheté un pot de crème de marrons pour leur faire découvrir ça. Vu qu'on a pas de cuillère y en a qui rechignent un peu. Mais c'est bon avec les doigts ! Finalement j'achète une banane par personne et chacun trempe sa banane dans le pot.
Vers le Panthéon...
2 zigotos qui passaient par là, insistant pour se faire prendre en photo.
Encore la mairie
C'est drôle comme certaines expos officielles vont pas du tout avec la politique actuelle...
Vers Notre-Dame...
La mairie
Tour Saint-Jacques
Dans tout ça j'ai eu le temps de croiser quelques potes habitant à Paris. Quelques bonnes discussions, notamment sur l'actualité sociale. Je crois que j'ai le mal du pays.
Le lendemain on repart en car.
Le voyage est comme à l'aller assassin.
Il me faut 2 jours pour m'en remettre.