Le mariage de Rona Hartner

Publié le par Movaniel

Quelle a été ma surprise de recevoir un message d'un ange de mon entourage juste avant le week-end dernier : "On vient à Paris pour le mariage de Rona Hartner" !
Euh, j'y croyais à peine... Rona Hartner, la jolie Tzigane du mythique Gadjo Dilo (de Tony Gatlif), où elle partage la vedette avec Romain Duris.



En tout cas j'étais pas jaloux.
Une copine avait rencontré une fanfare de Roms à Marseille qui devait monter au mariage. Une camionnette, 7 musiciens, mais un seul ayant le permis...
Ils ont donc proposé à la copine de faire le chauffeur jusqu'à Paname. Elle a négocié pour qu'une autre (l'ange qui m'a envoyé le message) puisse être de l'aventure, elle ayant l'habitude des camions.

S'en sont suivies 24 heures de traversée de la France (j'y étais pas mais on me l'a raconté) délirantes avec des gars qui picolaient sans arrêt, d'autres qui criaient en roumain ou en romani, un coup de trompette ou de cor dans les oreilles par-ci par-là...

 


 



4 heures de halte à Lyon pour faire la manche dans la rue, histoire de remplir les caisses et d'avoir de quoi payer la suite du voyage.


 


 


 


 


Arrivés dans la nuit devant mon humble demeure, j'accueille les copines et 2 des musiciens (les 5 autres ont dormi dans le camion). J'avais fait un bon petit repas puis on a dû dormir 3 heures.


Le lendemain la fanfare devait être au lieu du mariage vers 11h, mais avant ils voulaient tous voir la Tour Eiffel !!!
Là il y a eu négociation pour savoir si je pouvais être de la partie. Je m'étais fait aussi beau que possible (pour une noce, quoi !) et j'ai proposé de servir de guide pour traverser Paris. Ils ont accepté. J'ai senti des regards silencieux me détailler longuement.
On était bien à la bourre et ils tergiversaient encore sur la destination (Tour Eiffel ou lieu du mariage ?). Chose marrante avec eux, c'est que vu leur état de fatigue (j'imagine - à moins qu'ils ne soient toujours comme ça) tout moment de prendre une décision donnait lieu à des discussions interminables. Un joli tableau d'un mode de fonctionnement humain qui ne ressemble pas trop à notre modèle habituel de la hiérarchie et de l'organisation.
Selon les moments c'était touchant, à mourir de rire ou fatiguant. Et ces 7 bonhommes, avec leurs visages bruns, super marqués par l'alcool ou les épreuves, planqués derrière le mystère de leur langue et de leur culture étaient super attachants.



Avec leur humour cru, leur lourdeur avec les filles aussi (l'un d'entre eux lui rejouait sans arrêt une scène de demande en mariage, et dès qu'ils voyaient un geste de tendresse entre moi et elles ils demandaient si on était mariés !), le fait qu'ils buvaient plus que ce qu'ils mangeaient. Et pas de l'eau !
On m'avait raconté une scène de l'aller où une des copines voulait boire et a demandé de l'eau. L'un des Roms lui avait répondu : "Pourquoi, tu veux te laver les pieds ?"


Arrivés à Montreuil au lieu de la fête on nous anonce que les musiciens ne peuvent arriver qu'en milieu d'après-midi. Il pleut et on est à la rue. On retourne tous les 10 dans notre camion 9 places. 5h30 d'attente. Les musiciens veulent jouer. On part à la Tour Eiffel.



Là-bas il fait super froid et les Roms commencent à se transformer en glaçons. Ils jouent et tout un attroupement de femmes Roms qui faisaient la manche se rassemblent. Des filles dansent.




Evidemment, par les temps qui courent dans notre beau pays, la fin de la fête est sonnée par l'arrivée précoce de la police. "Vous avez le droit de jouer, mais pas de faire la mendicité."
Un flic sympa nous conseille d'aller aux Halles pour jouer car c'est moins rupin.
Et on retourne à Montreuil après que le chef de la fanfare ait eu Rona au téléphone.
Une grande salle avec une scène au milieu. Avec mes potes on aide à finir la déco de la pièce (atelier gonflage de ballons). J'étais content d'avoir déjà une grande expérience dans ce domaine. On nous invite à une petite collation, miam.
Rona est souriante, simple, mais un peu stressée quand même. Elle fait sans arrêt des allées et venues pour superviser l'ensemble des préparatifs. Son mari est argentin d'après ce que j'a entendu. Il a l'air sympa, il est accueillant. Je lui donne 26-30 ans.


Un énorme buffet a été monté sur le côté débordant de plats : caviar d'aubergine, rôti, fromages, charcutailles et tapas divers.
A l'entrée une table a été installée avec une floppée de petits verres, des bouteilles de vodka et un énorme pot de confiture. On m'explique que dans la tradition pour un baptême (on fête aussi le baptême de la première petite fille des mariés) on doit boire un verre de vodka mélangé à de la confiture.


Lorsque la fête commence il y a plusieurs centaines de personnes, jeunes et vieux et les musiciens fous de la fanfare font monter la température.
Pendant des heures et des heures et des heures on a dansé, mangé comme des gorets et picolé. La vodka à la confiture était très bonne. Sans confiture aussi d'ailleurs.


 



A 20h je titubais déjà sous les assauts de notes de la fanfare (le modèle vivant de la fanfare d'Underground de Kusturica incapable de s'arrêter de jouer).
Ces types-là donnent l'impression d'être immortels. Quand ils meurent, ils doivent être en scène et tomber d'un coup ! Entre les musiques et les chansons tziganes, les mariés nous ont éblouis de danses impressionnantes, entrecoupées de démonstrations de danses argentines acrobatiques. Une soirée de fou.


 



Je rentre vers 5h30 avec une fée, direction le premier métro. En chemin on ramasse un gars qui revient aussi de la fête, tellement raide qu'il n'arrive plus à avancer sans se prendre les poteaux et les poubelles. Sa copine, impuissante, est en pleine crise de nerfs. Je porte le pochtron comme je peux et on le laisse près du métro.
Avant de partir on a dit au revoir aux membres survivants de la fanfare...


Pour plus d'informations sur cette fanfare magique, pour la voir en concert :
http://www.vagabontu.org

(les photos sont de S.R., de B.V. ou de R.P. pour la plupart)


Publié dans Fêtes

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