Roma, Scène 11 : Palazzo Barberini
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Sur internet j'ai trouvé beaucoup de références à la Galleria nazionale d'arte antica (Galerie nationale d'art ancien), dans laquelle on pourrait voir des tableaux de grands peintres. Notamment de la Renaissance italienne. Une de mes motivations à ce voyage.
Sauf que la Galeria nazionale n'existe plus depuis les années 50 ! La collection a été divisée entre le Palazzio Corsini et le Palazzio Barberini (Palais Barberini). Je me décide pour le deuxième. Après un râté (j'arrive trop tard), qui me permet de repérer les lieux, je reviens.
Presque arrivé. J'aime la statue.
Là, c'est l'entrée. Je suis excité comme une puce.
La bâtisse est superbe. Construite de 1627 à 1633, d'abord sous la direction de l'architecte Carlo Maderno, assisté de son neveu Francesco Borromini (à qui on doit aussi l'église Saint-Agnès-en-Agone - voir "Roma, Scène 5"). A Marderno on attribue souvent la première oeuvre de l'art baroque. A sa mort, Borromini continue le chantier en collaboration avec Bernini (celui de la Fontaine des Quatre Fleuves de la Piazza Navona et de certaines des statues du Pont Sant' Angelo, évoquées dans "Roma, Scène 5"). C'est Bernini qui finira le palais seul.
Détail de la façade du palais.
Au milieu Méduse , je suppose. Elle sera un des visages familiers de mes aventures italiennes.
Dans la cour devant le musée :
Chat refoulé à l'entrée.
Il refusait de payer pour voir des choses qui, selon lui, appartiennent au patrimoine des espèces terrestres.
A l'intérieur :
Antonio Corradini (1668-1752),
The Vestal Tuccia – Tuccia velata (« La Velata ») - La Vestale Tuccia
Bartolomeo Passarotti (1529-1592),
Macelleria - Butcher's Shop - Boucherie,
circa 1580
Bartolomeo Passarotti,
Pescheria - Fishmonger's Shop - Poissonnerie,
circa 1580
Bartolomeo Passarotti,
Allevatore di cani - Three men with two dogs – Trois hommes et deux chiens,
1529
Ces tableaux de Passarotti m'ont marqué. J'avais pas l'habitude de voir des scènes de boucherie ou de poissonnerie dans la peinture. Ca m'a fait prendre conscience de certains tabous.
Bartolomeo Veneto (vers 1470-1531),
Ritratto di gentiluomo - Portrait of a Gentleman - Portrait d'un gentilhomme,
circa 1512
J'aime bien le style de Veneto. Pas encore vu beaucoup de ses tableaux. Peut-être plus tard.
Giovanni Antonio Canal, dit Il Canaletto (1697-1768),
Venezia, il Canal Grande - Venice, The Grand Canal - Venise, le Grand Canal,
circa 1735
Canaletto,
Venezia, il ponte di Rialto - Venice, The Rialto Bridge - Venise, le pont du Rialto
Canaletto,
Venezia, veduta di piazza San Marco con le Procuratie
Venice, View of Piazza San Marco with the Procuratie
Venise, Vue de la place Saint Marc et des Procuratie,
circa 1735-1737
Canaletto est très connu. En histoire de l'art, il figure parmi les principaux représentants du védutisme italien (représentation de paysages urbains). J'avais déjà vu certains de ses tableaux sans m'y intéresser plus que ça. Là je suis resté fasciné par sa minutie. Des personnages minuscules, peints avec une obsession du détail impressionnante !
Carlo Maratta (1625-1713),
San Giovanni - Saint John the Evangelist - Saint Jean l'Evangéliste (photo),
circa 1660-1680
Maratta est un peintre rococo, mouvement artistique du 18e siècle qui rompt avec le baroque pour privilégier l'excès.
Carlo Saraceni (1579-1620),
Santa Cecilia e l'angelo - St Cecilia and the Angel - Sainte Cécile et l'Ange,
circa 1610
Frais et aérien. Ca me rappelle des souvenirs d'extase en musique.
Saraceni aimait les tons et les draperies. On le taxerait de rococo, bien que cette esthétique n'apparaisse qu'un siècle plus tard. Ah, les historiens de l'art...
Il aurait influencé les peintres flamands venus à Rome.
Filippo Lippi (1406-1469),
Annunciazione e due donatori
Annunciation with two Kneeling Donors
Annonciation aux deux donateurs agenouillés,
circa 1440-1445
Peintre de la première Renaissance connu pour ses nombreuses représentations de la Vierge et ses moeurs dissolues, Lippi a été moine pendant 10 ans, puis il a connu la prison et la torture. Il a "corrompu" (dans la langue du Vatican) des nonnes à plusieurs reprises, ce qui lui a attiré de sérieux problèmes avec la justice. C'est grâce à la famille Medicis, au service de laquelle il est entré, qu'il a été sauvé de la peine de mort. Botticelli a été son élève.
Filippo Lippi,
Madonna di Tarquinia - Madonna and Child Enthroned,
1437
Francesco Giambattista da Ponte, dit Francesco Bassano le Jeune (1549-1592),
Orazione di Cristo nell'orto di Gethsemani
Christ praying in the Garden of Genthsemane
Christ agonisant dans le jardin Gethsémani (photo)
Il y a eu deux Francesco Bassano, le grand-père, à l'origine d'une lignée de peintres, et son petit-fils. Il s'agit là du petit-fils.
Francesco de' Rossi, dit Francesco Salviati (1510-1563),
Allegoria della Carità - Allegory of Charity - Allégorie de la Charité
Quel érotisme torride dans l'arrière-boutique !
Salviati, maniériste florentin, était admiré pour ses portraits et ses fresques. Il doit son nom à son protecteur, le cardinal Giovanni Salviati. Il a fait partie des jeunes artistes arrivés à Rome après le sac de la ville de 1527 par les troupes impériales de Charles Quint.
Benvenuto Tisi, dit Il Garofalo (1481-1559),
I Santi Antonio Abate, Antonio da Padova e Cecilia
Saints Anthony the Abbot, Anthony of Padua and Cecily
Saint Antoine, saint Antoine de Padoue et sainte Cécile,
1523
Peintre maniériste de l'école de Ferrare, il était ami de Raphaël et aurait si bien imité son style que certains tableaux de Garofalo auraient été attribués au second.
Gaspar Van Wittel (1653-1736),
Roma, il Tevere a Castel Sant’Angelo
Rome, View of the Bridge and Castel St. Angelo by the Tiber
Rome, vue du Tibre avec le Château Saint-Ange
Néerlandais du siècle d'or, il a appris la peinture aux Pays-Bas et s'est installé à Rome jeune. Il s'est fait connaître par ses peintures de voyage, surtout d'Italie, où il a passé le reste de sa vie. Son nom a été italianisé en Vanvitelli. Après coup il me fait beaucoup penser à Canaletto. Je lis sur le net qu'il est considéré lui aussi comme un des pères du védutisme italien.
Gaspar Van Wittel,
Roma, veduta della piazza del Quirinale
Rome, View of piazza del Quirinale
Rome, vue de la place Quirinale,
circa 1683-84
Giacomo Ceruti, dit Il Pitocchetto (1698-1767),
Ritratto di giovane fumatore - Portrait of a Young Smoker – Portrait d'un jeune fumeur
Pitocchetto est rattaché à la peinture baroque. Ses portraits de scènes de vie de gens misérables le font considérer comme précurseur dans l'art des préoccupations éthiques des Lumières.
Amor Sacro e Amor Profano - Sacred and Profane Love - Victoire de l'Amour sacré sur l'Amour profane,
1602
Très solennel. Pourtant j'adore.
Baglione aurait été très influencé par Caravaggio. Il a accusé ce dernier de plagiat, suite à quoi Le Caravage aurait dû quitter Rome...
Giovanni Francesco Barbieri, dit Il Guercino (en français : Le Guerchin) (1591-1666),
Flagellazione di Cristo - Flagellation of Christ - La Flagellation du Christ,
1657
Le Guerchin a étudié la peinture du Caravage et de Rubens en autodidacte. Il a fait partie de l'école de Ferrare et été actif à Rome et à Bologne.
Il Guercino (Le Guerchin),
Saul tenta di uccidere David con la lancia - Saul attacking David - Saul attaquant David,
1646
Guido Cagnacci (1601-1663),
Maddalena Penitente - Saint Mary Magdalene Penitent - Marie-Madeleine pénitente
Sublime...
Cagnacci est rattaché à la période du baroque italien. Il fait partie de l'école de Bologne.
Jan Metsys (vers 1510-1575),
Giuditta con la testa di Oloferne - Judith with the Head of Holophernes - Judith avec la tête d'Holopherne
Encore un Néerlandais, fils de Quentin Metsys, qu'on va voir plus tard.
Ah, ce mythe de Judith ! Je la vois partout. D'après le Livre de Judith dans l'Ancien Testament, le roi de Babylone Nabuchodonosor II aurait envoyé le général Holopherne ravager le Proche-Orient (vers le 7e siècle vant J.C.). Après une longue boucherie, le général serait tombé sur un os dans la ville juive de Béthulie. Judith, une belle et riche veuve, l'aurait séduit, fait boire et quand il aurait été ivre mort, l'aurait décapité avec l'aide de sa servante !
Lorenzo Lotto (1480-1556),
Matrimonio mistico di santa Caterina d'Alessandria
The Mystic Marriage of Saint Catherine of Alexandria
Le Mariage mystique de sainte Catherine,
1525
Cette Sainte Catherine me touche...
Lotto, peintre vénitien, a été actif essentiellement en Vénétie, à Bergame et dans les Marques. Il aurait été un très bon portraitiste. D'après ce que j'ai lu de sa vie, il aurait eu du mal à cohabiter avec d'autres grands peintres italiens, se marginalisant progressivement, malgré son talent et son exceptionnelle connaissance des styles de ses confrères.
Marco Benefial (1684-1764),
La famiglia Quarantotti
Portrait of the Quarantotti Family (The Family of the Missionary)
La Famille du missionnaire,
1756
Je les trouve tellement drôle ! Surtout l'homme au premier rang à droite !
Benefial, néo-classique, est connu notamment pour son opposition au style rococo en vogue dans l'Italie de l'époque et propagé par les élèves de Carlo Maratta. Une anecdote : comme une de ses peintures avaient été refusée pour une exposition annuelle au Panthéon, il l'exposa dans la vitrine d'un pharmacien !
Marco Benefial,
Piramo e Tisbe - Pyramus and Thisbe - Pyrame et Thisbé,
circa 1730-1740
L'histoire de Pyrame et Tysbé appartient aux mythologies grecque et romaine. Leur amour tragique aurait inspiré beaucoup d'artistes. Peut-être Shakespeare aussi pour l'intrigue de Romeo et Juliette.
Marco Bigio,
Le Parche - The Parcae - Les Parques,
circa 1540-1550
Des corps musculeux pas du tout réalistes. Pourtant il y a une force dans ce tableau. Le fait qu'il représente les 3 Parques peut-être...
Mattia Preti, dit Il Cavaliere calabrese (1613-1699),
Fuga da Troia - The Flight from Troy - Énée, Anchise, Ascagne fuyant Troie,
circa 1630
Peintre de l'école napolitaine, il doit son surnom à une statue du Pape à cheval qu'il a faite quand il était à Rome.
Mattia Preti,
La Resurrezione di Lazzaro - The Raising of Lazarus – La Résurrection de Lazare
J'aime bien la blancheur de Lazare et la corde autour de ses chevilles. Et Jésus qui le prend en photo avec son i-phone.
Michelangelo Merisi da Caravaggio, dit Il Caravaggio (Le Caravage) (1571-1610),
Giuditta che taglia la testa a Oloferne - Judith Beheading Holofernes - Judith décapitant Holopherne,
1598-1599
Une des pièces maîtresses du musée. Je suis resté un moment face à ce tableau. La couleur est bien plus frappante en vrai. Le rouge surtout. Rouge de la tenture derrière et rouge du sang qui gicle. Encore quelque chose d'irréaliste : Judith semble couper la tête d'Holopherne sans aucun effort, comme si elle maniait une épée automatique comme une tronçonneuse et légère comme une plume ! Sa servante, qui reste en retrait et passive, est différente d'autres représentations de cette scène mythique (voir Wikipedia).
Caravaggio (?)
Narciso - Narcissus - Narcisse,
circa 1597-1599
Encore une scène mythologique, inspirée de l'histoire de Narcisse. Le tableau est seulement attribué à Caravaggio.
Caravaggio,
San Francesco in meditazione - St Francis in meditation - Saint François en méditation,
circa 1603-1606
Pietro di Lorenzo di Chimenti, dit Piero di Cosimo (1462-1522),
Santa Maria Maddalena che legge - Saint Mary Magdalene Reading - Sainte Marie-Madeleine lisant,
circa 1501
J'ai vu tellement de belles représentations de Marie-Madeleine qu'à un moment j'ai eu peur de finir par tomber amoureux d'une sainte ! Là elle est sage comme une image. Je connais encore peu de tableaux de ce peintre, mais ce que je vois de lui me le rend très sympathique.
Di Cosimo aurait été marqué par la peinture flamande, par Antonio Pollauiolo, Luca Signorelli et Leonardo da Vinci (Léonard de Vinci). Avec ce dernier il avait en commun le goût d'observer les taches sur les murs ou les formes des nuages et de s'en inspirer, comme des hallucinations provoquées. Ses peintures jouent souvent sur un dualisme entre naïveté touchante et érotisme, apparaissant comme "moderne". Les surréalistes l'auraient redécouvert grâce à son sens du fantastique, son goût pour les créatures étranges et les formes aberrantes. Il serait mort de la peste. Il aurait aussi participé à la peinture des fresques de la Chapelle Sixtine Le Sermon sur la montagne et Descente du Mont Sinaï (voir "Roma, Scène 10 : La Capella Sistina").
Pietro Fernandez da Murcia,
La visione del beato Amadeo Menez de Sylva - The vision of the Blessed Amadeo Menez de Sylva,
circa 1514
Un Espagnol cette fois-ci. Lui aussi a craqué sur l'Italie. Il faut dire qu'à cette époque, il faisait bon venir y prendre des leçons de peinture.
J'aime bien l'échelle pour aller jusqu'au ciel !
Pietro Paolini (1603-1681),
O Casamento Místico de Santa Catarina de Alexandria
The Mystic Marriage of St Catherine with Saints Dominic and Francis
Le Mariage mystique de sainte Catherine d'Alexandrie
Pendant un moment j'ai cru que Sainte Catherine était mariée avec 2 saints. Très intéressant. C'est juste qu'ils sont en gros présents sur la photo. Du coup je me suis renseigné sur elle.
L'histoire de Sainte Catherine d'Alexandrie est assez sensationnelle.
Paolini aurait été actif à Rome et à Venise, inventé un appareil capable de représenter la perspective et ouvert une académie dans le but de représenter la nature (Accademia del naturale).
Pompeo Batoni (1708-1787),
Agar e l'Angelo - Agar and the Angel - Agar et l'Ange,
1776
Dans son oeuvre, Batoni ferait la synthèse du classicisme de Bologna, du rococo français et du néo-classicisme naissant.
Pompeo Batoni,
Ritratto di Sir Henry Pierse - Portrait of Sir Henry Pierse - Portrait de Sir Henry Pierse,
1775
Quentin Metsys (1466-1530),
Ritratto di Erasmo da Rotterdam - Portrait of Erasmus of Rotterdam - Portrait d'Erasme,
1517
Quentin Metsys, néerlandais, est le père de Jan Metsys, dont j'ai parlé plus haut. Il est considéré comme le dernier grand peintre de l'école primitive flamande. Selon une légende, il aurait été d'abord forgeron et aurait appris la peinture pour séduire la fille d'un peintre ! Ses oeuvres sont d'une grande piété et d'un réalisme favorisant parfois le grotesque. Ironiquement, la foi transmise à travers ses oeuvres aurait coûté cher à certains de ses proches : une soeur enterrée vivante, un beau-frère décapité pour avoir lu la Bible...
Raffaello Sanzio, dit Raffaello (Raphaël) (1483-1520),
La Fornarina,
circa 1518-1519
Une autre des pièces maîtresses du musée. Ce tableau représenterait une amante de Raphaël (le nom de Raffaelo Sanzio en français). > ICI< on peut voir un autre portrait d'elle.
Son père était peintre et poète officiel de la cour du duc d'Urbino Frédéric III de Montefeltro, prince célèbre et protecteur des arts. Raphaël a connu le succès de son vivant comme peintre et architecte, mais ça a tourné court : il est mort à 37 ans.
Salvator Rosa (1615-1673),
La Musica - Music - La Musique,
circa 1640-1650
En plus d'être peintre, Rosa a été aussi poète satirique, acteur, musicien et graveur.
Son père, qui veut le faire prêtre, l'a fait entrer dans un monastère. Il a appris la peinture en secret avec son oncle et quitté les ordres. Il a vécu essentiellement entre Naples, Florence et Rome, déménageant plusieurs fois en fonction des ennemis que ses satires lui ont fait. A Rome il se serait notamment attiré la haine de Bernini en se déguisant en personnage de la commedia dell'arte pendant un carnaval pour distribuer des ordonnances contre les maladies de l'esprit (visant les pièces de théâtre de Bernini). Les calomnies à son sujet ont plu. Il a été extrêmement productif artistiquement, si bien qu'on l'a souvent accusé de ne pas être l'auteur de ses oeuvres. Certains racontent qu'il aurait vécu un temps comme un vagabond, accompagné d'une bande de brigands, d'autres qu'il aurait participé à l'insurrection de Masaniello contre le pouvoir espagnol en 1647, exterminant les Espagnols dans les rues de Naples.
Dans sa manière de représenter les paysages il serait précurseur de la peinture romantique. Il a peint également des scènes crues mettant en scène marins, bergers, soldats et brigands.
Rosa se démarque radicalement des artistes de son temps, refusant de se soumettre à des employeurs et de peindre sur commande. Il a critiqué les membres de routes les conditions sociales, des aristocrates aux poètes, défendant la vertu et la foi catholique. Parmi les nombreuses chansons qu'il a écrites, on lui doit Michelemmà, devenue un tube de la chanson d'amour napolitaine. Sa devise aurait été « Aut tace aut loquere meliora silentio » (« Tais-toi, à moins que ce tu as à dire vaille mieux que le silence »).
Salvator Rosa (1615-1673),
La Poesia - Poetry - La Poésie,
1640
Simon Vouet (1590-1649),
La Buona ventura - The Fortune Tellers - Diseuse de bonne aventure,
1617
Visiblement un thème prisé à cette époque. Je me demande si aujourd'hui les gens terrorisés par les Tziganes, Roms et autres "gens du voyage" appellent la police quand ils voient ces tableaux...
Vouet était français. Son père peintre lui a donné ses premières bases artistiques. Il aurait vécu 15 ans en Italie. Il a été reconnu assez vite par le roi de France, des princes italiens et a travaillé pour le cardinal Barberini, futur pape Urbain VIII, qui n'habitait pas à la campagne (ha ha ha). Il est devenu un des principaux représentants du baroque romain et s'est lié avec de nombreux peintres français et italiens. Certaines de ses oeuvres sont visibles dans les églises italiennes pour lesquelles elles ont été peintes. A son retour en France, il est nommé premier peintre de Louis XIII et adapte le baroque italien à l'architecture française.
Simon Vouet,
Saint Mary Magdalene Penitent - Maddalena Penitente – Marie-Madeleine pénitente,
circa 1623-1627
Yes, encore Marie-Madeleine ! Peau laiteuse, pose allanguie à moitié nue. Suggestif...
Jacopo Robusti, dit Il Tintoretto (en français : Le Tintoret) (1518-1594),
Cristo e l'adultere - Christ and the Adulteress - Le Christ et la femme adultère,
circa 1546
Je me demande ce que le Christ a bien pu faire à la femme adultère...
Il Tintoreto ("le petit teinturier"), vénitien qu'on rattache au maniérisme, doit son surnom au métier de son père. Il a été l'élève de Titien (Tiziano Vecellio en italien). Une légende raconte qu'il aurait dépassé si vite son maître dans la maîtrise des couleurs et des ombres que ce dernier l'aurait chassé de son atelier au bout de quelques mois !
Il s'est intéressé aux courants maniéristes toscan, émilien et romain, diffusés à Venise, et a voué une admiration pour Michel-Ange. Tintoretto était passionné par les effets de lumière. Il faisait des statues de cire de ses modèles pour jouer avec les sources de lumière avant de les peindre. Il a produit une grande quantité d'oeuvres et eu tellement de succès qu'il aurait souvent demandé l'aide de ses enfants.
Trophime Bigot (?) (1579-1650),
Vanitas - Allegory of Vanity - Allégorie de la Vanité
Un moment où j'avais poussé une accélération dans le musée et j'ai été arrêté net.
Fascinant. Ce tableau est attribué à Trophime Bigot. Quel prénom... et quel nom ! Le peintre français aurait passé lui aussi quelques années en Italie. On le confondrait souvent avec un certain "Maître à la chandelle". C'est d'ailleurs à ce nom qu'était attribué la paternité du tableau. Ses oeuvres en général ne lui sont pas attribuées de façon certaine. Triste postérité.
FIN
Plante se prenant pour un Caravaggio.
[Note : Ca a pas été facile de préparer cet article ! Des dizaines d'heures passées sur internet à chercher les meilleures versions des tableaux, dont j'avais écrit les titres pendant la visite du musée. Certains n'existent pas sur internet. Je ne les ai donc pas mentionnés. Plus le temps de lire les biographies des artistes et de faire le tri entre les erreurs (qui pullulent sur le net) et ce qui me semblait vraissemblable... J'ai aussi essayé de trouver un juste milieu entre ne rien commenter (que je trouve absurde) et le faire beaucoup. J'espère que ça aura été intéressant à lire.]